Ultra Trail Di Corsica : Restonica - Juillet 2015

9 Juillet 2015 me voici en Corse, seul représentant des traileurs de Guip pour tenter de vaincre cet Ultra Trail Di Corsica réputé difficile avec ses 110km et 8 000 m de dénivelé positif.

Le départ des festivités se fera dans les jardins de la mairie de Corté à minuit.

Nous ne sommes pas très nombreux pour cette course ; 130 participants !!! Bizarre !

Le départ est donné et me voilà plongé dans cette nouvelle aventure direction le col de Bocca 1790m.

Je pars tranquillement et pas trop euphorique car la course sera longue et il faudra en garder sous le pied. Après 10km, je suis déjà seul sur les pistes forestières à proximité des cascades corses ; la température est agréable 19°C....Il est 3h du matin.

Il faut rester vigilant , les chemins sont empierrés et les descentes techniques. Une chance , le terrain est sec ! Les heures passent. Serein et heureux d'être là , je contemple ce premier lever de soleil en arrivant au premier ravito km 32.

Il est 6h25 , l'accueil est sympa, le ravito copieux mais c'est un peu trop tôt pour savourer la charcuterie corse.

Direction la grosse difficulté de la journée : le massif du Cinto ! Celui -ci est costaud et usant..Le col de Cocca Crucette 2415m : « le BAGNE » que du cailloux mais la chance d'apercevoir le premier lac de toute beauté.

Bien sûr la chaleur est au rendez-vous, si besoin était , pour durcir les conditions de la course !

Ouf ! Enfin le sommet ! ..La plaisanterie n'est pas finie , il faut descendre et c'est l'enfer ; la pente est raide sur 3 km et il n'y a que du caillou...Le paysage est lunaire.

Enfin le ravito , l'occasion de reprendre des forces car j'ai laissé des plumes dans cette descente hyper technique. Je dois penser à me protéger du soleil qui chauffe de plus en plus..et oui , nous sommes en Corse !

Me voici maintenant sur le mythique GR20 , l'occasion d'admirer les pins Laricio et cet arbre figé par le vent

Les km défilent et les articulations souffrent , surtout les ligaments des genoux à force d'enchaîner les hauteurs de cailloux ; pourtant je me suis entraîné mais pas assez pour les articulations...rien à voir avec nos trails.

Km 61 Vergio , gros ravito, récupération du sac pour se refaire une santé et rencontre avec d'autres coureurs ; les mines sont graves , l'abandon guette au tournant.

Pour moi , le moral reste bon et le doute ne m'effleure pas malgré les courbatures et les douleurs qui restent encore supportables.

Je repars direction Ninu Funtana à Reta , le plateau herbeux sorti de nul part , situé entre deux montagnes où paissent chevaux sauvages , cochons et vaches ;

endroit d'une grande beauté et ravito gourmand ( soupe, pâtes, lardons, fromage frais) en compagnie du berger. Il faut prendre des forces car la deuxième nuit arrive et une difficulté supplémentaire pointe : le col Bocca Alle Porte 2250m. Je n'ai toujours pas fermé l'oeil.

Cette ascension est usante , cela devient par endroit de l'escalade, le piolet devrait faire partie du matériel obligatoire . Je dois faire des pauses car les coups de pompe arrivent. J'ai rejoint d'autres coureurs dans le même état et certains n'ont plus la force et le mental pour poursuivre. M'accrocher est mon seul but. Il faut tenir encore cette nuit. C'est l'occasion de poursuivre ce col avec Xavier Pierlovisi , coureur corse. La descente manque de balisage et c'est une perte de temps mais le plus dur est derrière nous , le ravito du 85 km arrive avec la barrière horaire fatidique passée avant 7h du mat samedi : et oui, nous sommes dans les clous pointés à 4h du mat , quel soulagement ! Place à la petite sieste d'une 1/2h ! L'état du bonhomme n'est pas top : genoux et ligaments en vrac , entorse à la cheville gauche. Pas question de m'apitoyer, ne pas tirer la chaussure , il faut repartir au plus vite, il reste encore 25km.

Toujours en compagnie de Xavier , le jour se lève et le col d'Alzur me paraît moins dur. Enfin , nous voilà au sommet , dernier pointage, il ne reste plus que 12km de descente mais compte tenu de la fraîcheur des bonhommes , il faut environ 4h.

Plus de 40°C sur les 7 derniers Km en compagnie des premiers coureurs du 33km ; la délivrance est proche et les encouragements vont droit au cœur. On nous double avec une petite tape dans le dos « bravo les gars , vous êtes des héros ! ». Ils savent d'où on vient et reconnaissent les difficultés accomplies. Merci à eux pour leurs encouragements !!Pas facile de dompter la montagne corse.

Le petit tour de la ville de Corté et de sa citadelle et enfin la liberté retrouvée et méritée. L'arrivée se fait en compagnie de Xavier en 36h26 d'efforts pour un classement de 78ème sur 130 partants.

Que retenir de cette aventure si ce n'est l'ambiance chaleureuse , les paysages magnifiques telles de véritables cartes postales, les ravitos super , la générosité et l'accueil des bénévoles au top ; pour moi c'est d'avoir surmonté l'un des plus difficiles ultra qui soit.

Si l'envie te prend un jour de participer à l'Ultra di Corsica : sois fort !!